Le recours à Dieu résulte de la défaillance de la raison, du pessimisme inhérent à la
rationalisation de la praxis sociale. La raison qui, projetait l’optimisme de la civilisation,
laisse prospérer l’effroi, la souffrance et le désastre. L’objectif de cette réflexion consiste à
montrer que la barbarie et toute l’inhumanité liée au fonctionnement totalitaire de la raison
concourent à lui refuser la tutelle des idéaux humanistes ou des valeurs morales. La raison,
défaillante, inapte à fonder une quelconque moralité, conduit Max Horkheimer à transposer le
fondement de la moralité en Dieu. Contrairement à l’invite nietzschéen qui faisait provenir la
morale de la volonté de puissance de l’homme lui-même, Dieu devient essentiel à la volonté
morale chez Horkheimer. Dieu invite à la solidarité, à l’amour et motive les individus à
surmonter les conditions difficiles de l’existence. Dieu est le soulagement de la créature
opprimée ballotté par la souffrance ou confronté au pessimisme.